Une longue journée
Combien de temps jusqu'à 20 heures ?
En pastichant F. Clément,
Trois heures ?
Trois jours ?
Trois siècles ?
Trois battements de coeur ?
Va savoir...
Quand on ne sait plus quoi faire
des pochettes cousues, tricotées, crochetées.
Quand on en a offert
autour de soi,
plusieurs fois.
On recommence.
Des restes de laine bleu jean,
des torsades
une doublure et des poches pour les gommes,
fluo, post-it...
Au bout du compte,
malgré mes craintes d'une trousse molle,
tout cela se tient bien droit.
On se souhaite quoi pour demain matin.
Du soleil, de l'espoir,
des maîtresses d'école pour les petits
du travail, du "faux", du "vrai" pour tout le monde,
un vrai soutien pour les librairies qui meurent,
un vrai projet pour la santé
(très oubliée ces temps-ci)
et Surtout,
Surtout,
de l'air frais et de la culture.
Donner à voir et à entendre de belles choses.
Redonner aux classes les budgets
pour emmener les enfants au musée,
au cinéma, en forêt, à la mer.
Leur montrer le monde
à travers le regard des artistes,
Que ces même artistes,
poètes, auteurs, illustrateurs,
peintres, sculpteurs,architectes,
plasticiens, musiciens, danseurs
retrouvent le chemin des écoles
pour y animer des ateliers,
chemin qu'ils ont perdu
depuis la suppression des classes à PAC
(projet artistique et culturel).
Autrement, quel monde voulons-nous pour nos enfants ?
Au château d'Oiron, dans le Poitou,
on retrouve cet esprit qui consiste
à mettre l'art contemporain à la portée de tous.
Edifié à partir du 16ème siècle,
le château abrite la collection contemporaine
Curios et mirabilia, inspiréedes cabinets de curiosité
et nourrie des collections de Claude Gouffier,
amateur, mécène et grand écuyer d'Henri II.
Claude Gouffier, Comte de Caravas a été immortalisé par Charles Perrault
sous les traits du marquis de Carabas. Le château transformé aux 17ème et 19ème siècle, a connu une restauration complète au 20ème siècle et a retrouvé, à partir de 1990, sa fonction première, voulue par son premier propriétaire : un lieu de création et d'exposition. Des commandes d'oeuvres sont passées à des artistes qui doivent investir les espaces en respectant l'idée d'origine de C. Gouffier : présenter des curiosités qui 'intéressent aux divers domaines de la connaissance, proposent de nouvelles interprétations du monde. Nous sommes chez les "érudits collectionneurs".
Des parcours sont créés, le décor est respecté et les collections permanentes se découvrent de façon ludique et poétique.
Georg Ettl, Daniel Spoerri, Annette Messager, Felice Varini, Christian Boltanski, Sol LeWitt, Raoul Marek, On Karawa, Gloria Friedman, ...
Des artistes majeurs sont présents.
La guerre et la paix. Un obsédant bourdonnement résonne dans la pièce au-dessus de ruches. Au mur, des photos des la bataille de Midway en 1942 nous rappelle la fragilité des choses. Ian Hamilton Finlay.
Etonnante poterie qui ne pred sens que dans le miroir.
Marcus Raetz
un peu de graphisme pour les maîtresses
Raoul Marek a tracé les profils des 150 habitants d'Oiron sur des assiettes de la Manufacture Nationale de Sèvres, des verres et des serviettes. Chaque année, le 30 juin, tous ces habitants sont conviés à un dîner présenté dans ce service de table.
Quelques boutons de culotte géants
oubliés par Pantagruel, fantôme des lieux.
Erik Dietman
Pendant que les galeries de portraits sont revisités par C. Boltanski qui a photographié les écoliers de Oiron plusieurs années de suite. Histoires individuelles et collectives se rejoignent. Les vêtements, les couleurs, sont des signes forts du temps qui passe.
Et puis,
la salle d'Armes de Daniel Spoerri.
12 corps en morceaux créés
à partir de l'accumulation d'objets
usinés par l'homme et porteurs de souvenirs
et d'émotion collectives
La puissance militaire et guerrière
en prend un coup.
Et puis, mes préférés,
Annette Messager qui nous présente
ses oiseaux morts, curiosités de sciences naturelles.
Alignés dans des boîtes étiquettés,
ils sont habillés de petits cache-cour tricotés
Juste à côté la très longue galerie des peintures
datant du 17ème, baignant dans un éclairage florentin.
Les plafons à caisson et les murs sont recouverts
de décors exécutés entre 1546 et 1549,
retraçant la guerre de Troie.
les mots de Pantagruel
s'installent sur les murs.
Lothar Baumgarten
Et encore,
la salle des ampoules de Bill Culbert.
Sur la table, l'ombre des verres évoque des images d'ampoules.
Et puis, et surtout, et enfin...
la culture, cela permet tout cela :
la préservation, la conservation, les commandes,
faire vivre les artistes
et nous ouvrir des lieux où l'imaginaire
et la poésie se dispute l'espace.
Bonne soirée